Éditorial

Cher(e)s collègues,

De retour de la 8e conférence internationale sur l’immunothérapie des cancers (National Harbor, USA), où il est apparu que, alors que le champ piétine sur l’identifi cation de nouveaux inhibiteurs de points de contrôle immunitaire (ICI) après l’échec thérapeutique de l’anti-TIGIT, la lumière vient des traitements néoadjuvants qui réorganisent le microenvironnement tumoral et activent la formation de structures lymphoïdes tertiaires (cf. Article bref), ainsi que d’une myriade d’anticorps bispécifiques dans les lymphomes B et les myélomes (cf. Mise au point ; Stéphanie Harel, Benoît Tessoulin, Chloé Antier, Candice Madiot). En amenant les cellules effectrices au contact des cellules tumorales grâce à leur bivalence, les anticorps bispécifiques disponibles en France ont déjà profondément transformé le pronostic des patients en rechute dans ces pathologies. L’article bref issu d’une communication à The European Hematology Association (EHA) porte notre attention sur la spécificité des anticorps bispécifiques où à la différence de la leucémie aiguë lymphoblastique et du lymphome, aucune guérison définitive n’a été obtenue avec ide-cel pour le myélome (cf. Article bref ; Sarah Cayla, Bertrand Arnulf).

En ce qui concerne les ICI, la survenue des toxicités immunologiques définies par les Immune related adverse events (IrAEs) qui affectent le plus souvent le tractus gastro-intestinal, les glandes endocrines, la peau et le foie mais qui peuvent aussi toucher tous les organes, renforce la nécessité d’une définition précise et d’une prise en charge pluridisciplinaire. Ce numéro traite en profondeur les questions cliniques posées par les IrAEs digestifs (cf. Dossier thématique ; Souad Assaad, Antoine Coupier, Pamela Funk Debleds, Massimo Levrero). Enfin, le cas clinique nous montre une réponse complète à nivolumab et ipilimumab maintenue après deux ans de surveillance d’un patient MSI métastatique en 2e ligne de traitement après chimiothérapie (cf. Cas clinique ; Stanislas Quesada, Emmanuelle Samalin).

Les toxicités atteignant le système nerveux central, les systèmes cardiovasculaire, pulmonaire, musculosquelettique, néphrologique et hématologique seront présentées dans le prochain numéro de LA REVUE Immunité & Cancer. Une des questions est celle de l’identifi cation de biomarqueurs des IrAEs. Des autoanticorps préexistants à l’initiation des ICI (pré-ICI) semblent être associés au développement de certains IrAEs, en l’absence d’auto-immunité préexistante, données qui plaident en faveur de la réalisation d’un bilan auto-immun en pré-traitement des ICI afin d’identifier les patients les plus à risque (cf. OEil de l’interne ; Cécile Gonnin, Marie-Alexandra Alyanakian, Clémence Granier, Marie-Agnès Dragon-Durey).

Bonne lecture à tous et un très grand merci à tous les auteurs qui ont participé à ce numéro.

Pr Catherine SAUTÈS-FRIDMAN
Rédactrice en chef de LA REVUE Immunité & Cancer

Rev Immun Cancer 2024 ; 8 (3) : 103.